Préambule... Août 2023, Marie Bolle-Besançon m'a demandé si je pouvais l'accompagner sur une intervention à Educatech sur le sujet "Éducation, femmes et neuromythes". Une grande partie de cet article est basée sur notre intervention commune et sur le travail préparatoire de Marie Bolle-Besançon.
SOMMAIRE :
A. Un constat en mathématiquesB. Causes de l'écart entre les filles et les garçons en mathématiques à partir du CP
C. Des pistes pour corriger l'écart filles-garçons en mathématiques
D. Références pour aller plus loin pour comprendre le cerveau
A. Un constat en mathématiques
En France, alors que les filles et les garçons ont des résultats similaires en mathématiques au début du CP, un écart apparaît à partir de la fin du CP.
Cet écart est visible dans les évaluations nationales. Il est confirmé et accentué plus tard par l'enquête PISA.
L'institut des politiques publiques a produit la note 101 à ce sujet :
B. Causes de l'écart entre les filles et les garçons en mathématiques à partir du CP
(Neuro)Mythes et stéréotypes
Des croyances infondées persistent disant que les garçons seraient naturellement meilleurs en mathématiques.
Ce stéréotype de genre catégorise à tort les mathématiques comme une discipline masculine. Le sentiment de compétence des filles est touché négativement.
Une étude montre qu'un même exercice n'aura pas les mêmes résultats selon sa présentation. S'il est présenté comme un exercice de géométrie, alors les garçons auront de meilleurs résultats. S'il est présenté comme un exercice de dessin, alors les filles auront de meilleurs résultats :
Si l'expérience d'une menace du stéréotype persiste au fil du temps et devient chronique, alors on observe un désengagement de l'individu.
École, médias et culture
Les enseignants peuvent, inconsciemment, traiter les garçons et les filles différemment en mathématiques, ce qui affecte la confiance et les performances des élèves.
Les médias et la culture, mettant souvent en avant les garçons comme scientifiques, peuvent restreindre les modèles de rôle pour les filles, les amenant à douter de leurs capacités en mathématiques.
L'effet Matilda
Ce document a été construit par "Numerikinstit".
C. Des pistes pour corriger l'écart filles-garçons en mathématiques
Prendre conscience des neuromythes et des stéréotypes
La première étape est de comprendre les neuromythes et les stéréotypes pour les déconstruire efficacement.
Cette prise de conscience est essentielle pour les surmonter.
Les enseignants doivent être conscients qu'ils peuvent, sans le vouloir, adopter une posture et un langage différents selon le sexe de l'élève.
Cette prise de conscience les rendra plus vigilants et attentifs.
Enseigner la “menace du stéréotype”
Enseigner aux élèves la "menace du stéréotype" s’avère très bénéfique. Des recherches montrent que cette approche a un impact positif sur les performances.
Sensibiliser activement les filles à ce phénomène peut les encourager à réaliser pleinement leur potentiel.
Johns, Schmader, Martens, 2005 : enseigner la menace du stéréotype réduit les écarts de manière significative.
Changer son image de soi
Pour viser l'équité entre les filles et les garçons, une première solution est de changer son image de soi.
Mettre en valeur des femmes qui sont devenues mathématiciennes permet aux filles de comprendre que c'est possible pour elles également.
Une enseignante, "Numerikinstit", propose ainsi ce type d'affiche à ses élèves :
Neuroplasticité et apprentissage
Neuroplasticité ?
C'est la manière dont notre cerveau apprend de nouvelles choses et s'adapte à de nouveaux défis.
Enseignement court
Une séance sur la neuroplasticité selon Blanchette Sarrasin (et al.) influence leur état d’esprit de manière positive.
Blanchette Sarrasin et al., 2018
Comprendre le cerveau
L'enseignement sur le fonctionnement du cerveau et les stratégies d'apprentissage devrait débuter dès la maternelle.
Pour développer des compétences métacognitives : être conscient et gérer ses propres processus de pensée et d'apprentissage.
Les enfants comprennent alors qu’il est toujours possible de s’améliorer et de progresser. Cela renforce la motivation et la confiance en soi.
Rien n'est figé.
Rien n'est définitif.
Les sentiments métacognitifs
Cultiver des sentiments métacognitifs positifs en favorisant la croyance dans l’amélioration de ses résultats.
Nos sentiments évaluatifs émergent avant, pendant et après une activité. Ils peuvent être négatifs ou inconfortables.
Le niveau de son engagement dans une tâche dépend souvent de la comparaison entre ce qu'on pense pouvoir accomplir (la prévision) et ce que nous observons réellement (la réalité). Si ces deux éléments concordent, on ressent de la satisfaction et de la motivation à continuer.
En revanche, s'ils divergent, cela peut susciter de l'inconfort ou du mécontentement. Ces émotions métacognitives influencent notre décision de poursuivre ou d'abandonner une activité, ainsi que le niveau d'effort qu'on accepte d'y consacre.
Même si je connais des stratégies efficaces, des émotions métacognitives négatives peuvent interférer avec notre auto-régulation, nous poussant à nous désengager de la tâche.
L'enjeu pour un enseignant est donc de cultiver des émotions métacognitives positives chez les élèves pour éviter le décrochage ou le manque d'engagement, ce qui pourrait avoir un impact négatif sur leur auto-régulation.
Par exemple, le simple fait de penser "je ne suis pas doué en maths" peut générer un sentiment métacognitif qui construit une image négative de soi en tant qu'individu peu compétent en mathématiques. Ceci peut inhiber toute participation future dans des activités mathématiques, même avant qu'elles ne soient proposées.
Les travaux dirigés par Frédéric Guilleray sur la métacognition sont particulièrement intéressants :
Les outils numériques
Les technologies numériques permettent de diversifier considérablement la présentation d'un même sujet d'apprentissage, passant du ludique au formel, une tâche complexe pour un enseignant. De plus, les erreurs ont des conséquences différentes selon qu'elles se produisent devant un ordinateur ou une classe entière. La visibilité des erreurs est importante pour éviter la répétition de l'échec, tandis que l'essai-erreur joue un rôle fondamental dans le processus d'apprentissage. Ainsi, il serait envisageable d'utiliser les nouvelles technologies pour gérer la diversité des élèves en offrant une variété de ressources et en présentant le contenu d'apprentissage de différentes manières.
D. Références pour aller plus loin pour comprendre le cerveau
Ces références sont utiles pour aider les enfants à mieux comprendre le fonctionnement du cerveau
Programme ATOLE, ATentif à l'école :
Entraîner le cerveau à résister, lecteurs, CP au CM2, éditions Léa.fr NATHAN :
Entraîner le cerveau à résister, non lecteurs, PS au CP, éditions Léa.fr NATHAN :
Cogni'classe : apprendre et former avec les sciences cognitives :